Pour tous ceux qui n’ont pu assister à notre premier colloque, voici le texte d’introduction et la possibilité de visionner des séquences retraçant les moments importants de ces 2 jours…
Introduction
Anne NOE , Co-fondatrice et formatrice à AT Psy Paris
En préambule à toutes les interventions auxquelles vous allez avoir le plaisir d’assister, je vais inscrire rapidement le thème dans certaines de ses grandes lignes et fondements. Ce sont eux qui nous ont fait le choisir.
S’il y a une expérience qui laisse des traces dans nos souvenirs émotionnels, c’est bien celle concernant la séparation. On peut chercher à la minimiser, voire à la méconnaître, en activant des processus de déni mais, un jour ou l’autre, elle se rappelle à nos bons souvenirs.
De nombreux conflits relatés par nos patients mettent en évidence la répétition de la difficulté à se séparer, et les impacts qu’elle engendre dans les attachements qui sont les leurs.
La problématique de la séparation occupe une place essentielle dans la psychopathologie clinique actuelle et ouvre sur la perspective développementale parce qu’elle organise les premiers liens d’attachement, mais également ceux de la vie entière.
Il s’agit donc d’un thème transversal qui, de la naissance à la mort, se présente à tout un chacun, sous des formes diverses de pertes, de renoncements, de deuils et se trouve de ce fait assez naturellement au centre de la pratique d’un clinicien.
L’expérience de l’oscillation entre présence et absence est l’un de ses enjeux majeurs.
Toute séparation signe une expérience psychique qui oblige à renoncer à quelque chose, quelque chose qui a existé et qui n’est plus, et qui va introduire le processus de différenciation.
Les différentes pertes viennent mobiliser des défenses archaïques qui réveillent l’angoisse intimement liée à ce qui sépare, à ce qui empêche, à ce qui n’est plus,de façon parfois définitive.
Les effets régressifs attenants à la séparation sont donc souvent inévitables.
Tout être humain fait l’expérience de la souffrance liée à la séparation. Elle est fondamentale et va prendre différentes formes, de même que l’angoisse qui avertit le sujet que l’éventualité d’un sentiment ou d’une expérience d’abandon se présente à nouveau dans sa vie.
Lorsque les séparations demeurent douloureuses, une forme d’urgence à la présence de l’autre se fait sentir.
Si cette séparation produit des éprouvés violents, c’est que « la capacité » à se séparer a failli. Ce qui suppose que quelque chose a été endommagé ou détruit par une succession de réponses inappropriées, voire abusives, concernant les séparations primaires.
Nous allons le constater dans les présentations de cette après-midi de celle d’Anny Lelièvre du Broeuille « Quand la séparation s’avère impossible », jusqu’à cette « Nécessité d’expérience dépressive », dont va nous entretenir Eric Champ.
Puis demain, avec « les stades de séparation-individuation dans le couple » présenté par Marie-Dominique Baudry, suivi par la présentation d’Alan Jones autour de « L’exercice du miroir » et enfin par la présentation de Catherine Gérard sur « Le sentiment d’être séparé ».
Lorsque les manquements ont été graves, ils engendrent des difficultés majeures à accéder à une confiance stable dans la relation à l’autre, et à soi- même.
La question prégnante chez de nombreux patients : « Pourquoi est-ce si difficile parfois de se séparer », mobilise notre réflexion en tant que praticien. D’autant que cette capacité à se séparer une fois restaurée, va favoriser une liberté d’attachement qui engendrera un sentiment de sécurité fondamentale et soutiendra l’autonomie du sujet.
Rompre n’est pas se séparer, nous allons certainement, au cours de ce colloque, explorer la différence entre ces deux états, et chercher à saisir ensemble les subtilités de la séparation.
Bon visionnage à tous !!!