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Visio colloque 2021 : les Défis de l’engagement en psychothérapie
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calendar_today22 juin 2023
Les défis de l’engagement
Vous avez été nombreux à suivre nos conférences en visio au mois de mars et avril 2021 et nous vous remercions de votre présence chaleureuse et intéressée qui a contribué à leur réussite et permis ces temps d’échanges trop rares en cette période de confinement.
Pour vous et pour tous ceux qui n’ont pas pu y assister voici quelques morceaux choisis des interventions qui ont eu lieu sur le thème « les défis de l’engagement ».
Elise Blanc, Psychopraticienne certifiée CTA
« Le thérapeute face au traumatisme vicariant, entre engagement et désagrégement »
Le trouble de stress post-traumatique est une réaction psychologique et physiologique consécutive à une situation durant laquelle l’intégrité́ physique ou psychologique de la personne, ou celle de son entourage, a été́ menacée et/ou atteinte.
Les capacités d’adaptation du sujet sont dépassées.
La réaction immédiate à l’évènement aura été́ traduite par une peur intense (effroi), par un sentiment d’impuissance ou par un sentiment d’horreur.
Le traumatisme vicariant c’est la « transformation durable de l’expérience intérieure personnelle, résultant de l’engagement empathique avec des patients ayant vécu un traumatisme ».
- Le temps du récit des évènements traumatiques constitue un moment d’extrême tension, de fragilité́ psychique, tant pour le patient que pour le thérapeute.
Dans cette clinique le thérapeute est un équilibriste. - S’il garde une posture de neutralité́ bienveillante la thérapie n’avancera pas, et les symptômes du patient risquent de s’aggraver.
- S’il est trop proche, trop bienveillant et empathique, il sera emporté par le trauma de son patient.
- Le traumatisme vicariant est l’ensemble des perturbations résultant de l’engagement empathique du thérapeute avec le matériel traumatique de la victime.
- La remémoration du trauma suscite un trouble contre-transférentiel chez le thérapeute, sidéré́ lui-même par l’effraction et l’effroi.
Isabelle Le Peuc’h, Gestalt thérapeuthe CEP
« Pour un engagement éthique et fiable »
- Exploiter ce qui se passe au sein de la relation thérapeutique, dans l’ici et maintenant de la séance, est particulièrement engageant
- L’engagement est réciproque mais pas du tout symétrique. On ne peut attendre du patient qu’il ait déjà ce qu’il est venu chercher.
- Comment créer les meilleures conditions possibles pour soi, thérapeute, afin d’honorer au mieux son engagement : prendre soin de soi, prendre en compte ses propres limites et ses désirs, valoriser les ressources de toutes sortes…
- L’engagement est existentiel et nous confronte donc à notre solitude, à l’imperfection, à la responsabilité / liberté, à la quête de sens et à la finitude.
- La qualité de l’engagement repose aussi sur la capacité du thérapeute à se désengager. La fin de la thérapie comporte des pertes, mais est surtout une extraordinaire opportunité de travail au profit du patient.
- L’engagement est aussi une histoire d’attachement, ce qui en fait un levier de réparation pour les problématiques d’attachement et pour les traumas développementaux.
- Le désir, le plaisir, la légèreté, la joie et l’humour gardent toute leur place et sont essentiels dans les épreuves, les difficultés, ainsi que dans l’accompagnement thérapeutique.
Philippe Guedj, Psychanalyste
« L’engagement en psychanalyse »
L’engagement est une épreuve de responsabilité. Répondre et responsabilité ont les mêmes racines. Cela implique une permanence d’un sujet dans la durée, dans le temps. A une époque où tout change très vite et où on nous demande de s’adapter à cette accélération généralisée, l’engagement implique une continuité dans ses actes et sa conduite.
On dit Tenir un engagement. On y entend une notion d’implication active mais aussi de la valeur que l’on donne à ce à quoi on s’engage. S’engager, c’est vouloir défendre quelque chose auquel on croit. Croire c’est donner crédit.
Qu’est-ce qu’une psychanalyse dans ce sens ? C’est s’engager dans une parole, dans le « défilé de la parole » comme on dit, sans se défiler, sans s’arrêter à ses propres résistances. C’est engager à parler de soi sans censure, à laisser venir ce qui nous passe par la tête dans l’adresse d’une écoute. C’est une voix qui s’engage sur une voix incertaine, qui n’est jamais une ligne droite : faite de bifurcations, de piétinements, d’aller et retour. D’ailleurs y a-t-il parole quand il n’y pas une écoute pour la recevoir. Même quand on se parle à soi-même on s’écoute. Parler c’est toujours écouter. Le patient et il faut être patient dans une analyse, se met à l’écoute de lui-même de ce qu’il ressent, aux pensées qui le traversent. L’inconscient est structuré comme un langage, nous dit Lacan.
S’engager dans une démarche thérapeutique est une décision qui a pour origine un désir personnel, celui de traiter un symptôme. On s’engage soi-même auprès d’un autre : un thérapeute qui pense pouvoir nous aider à nous soigner de ce dont on souffre.
François Soulage, économiste
« L’engagement, une approche de la liberté́ »
Je parle ici d’une part d’un engagement au service des autres que ce soit dans le social, le sport, où l’éducation, que j’appellerai l’engagement fraternel, et d’autre part de l’engagement pour des causes à défendre pour un résultat à obtenir, que j’appellerai l’engagement citoyen.
Dans les deux cas ce qui m’intéresse, est la démarche d’engagement des personnes et ce qu’elle signifie pour la personne qui s’engage. Quel est le contrat moral qu’elle noue avec la personne ou avec l’organisation ? Le problème est que le contrat demeure implicite.
Dans cet engagement, l’élément important est l’existence d’un autre ou d’autres dont le sort, le mode de vie, voire la vie, dépend de l’intensité et de la profondeur de notre engagement. Le vivons-nous comme une « bonne action » ou comme une aide pour reconstruire. Cela, enfin, rejoint la notion de contrat passé avec la personne ou le groupe, auprès desquels je vais intervenir.
Cette contrainte forte qui pèse sur la personne qui s’engage n’est pas contradictoire avec l’idée de liberté́ telle qu’elle figure dans l’intitulé de mon intervention. Cette contrainte se traduit dans le langage du travail social par « l’obligation de moyen » et non « l’obligation de résultat ». Cette distinction est essentielle pour comprendre comment cet engagement est vécu par les bénévoles.
Il faut se redire que donner la possibilité́ de faire des choix, est un combat politique. C’est le combat pour l’émancipation, pour permettre à chacun de sortir des contraintes que nous impose notre société́. Ce que nous appelons la « transformation sociale ».